Comme disait l’autre au Café du Commerce : «On ne nous dit pas tout», heureusement, il demeure -encore- une presse sérieuse qui se préoccupe d’investigations et d’informer objectivement.
En témoigne l’article ci-dessous du 4 novembre 2022 dans Marianne. Ce qui justifie également nos allusions insistantes au clientélisme et à l’électoralisme à l’oeuvre. D’évidence, les indignations caroniennes sont sélectives et son éthique à géométrie variable, il convient de ne pas «désespérer Billancourt» (Jean Paul Sartre) et mécontenter la base dans le Nord et en Outre-Mer.
Comme nous l’avons déjà affirmé, nous respectons les idées animalistes et végan, mais devons-nous respecter ces «combinazione»? C’est peut-être ce que l’on appelle dans les milieux autorisés «faire de la politique autrement».
Les députés examineront le 24 novembre une proposition de loi d’Aymeric Caron interdisant la corrida. Mais l’élu antispéciste n’y a volontairement pas intégré l’abolition des combats de coqs, autorisés dans certaines localités par le même alinéa du code pénal.
La discussion parlementaire sur la possible interdiction de la corrida va-t-elle dériver vers… les combats de coqs ? Le 24 novembre à l’Assemblée nationale, le groupe «La France insoumise» présentera au cours de sa niche (un temps parlementaire qui lui est réservé) une proposition de loi d’Aymeric Caron visant à bannir les fameux spectacles taurins. Aujourd’hui, les corridas sont autorisées par le code pénal qui, dans son article 521-1 réprimant les actes de cruauté envers les animaux, prévoit une dérogation pour les courses de taureaux «lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée».
Or, ce même alinéa comporte une exception du même type pour les combats de coq, là encore en cas de «tradition ininterrompue». Cette pratique tombe en désuétude, mais existe encore dans quelques dizaines de localités dans le Nord, le Pas-de-Calais et certains territoires d’outre-mer comme la Réunion et les Antilles, où l’on trouve toujours des gallodromes. Sauf qu’Aymeric Caron n’a pas intégré les combats de coqs dans son texte. Ce qui lui vaut des reproches de militants antispécistes sur les réseaux sociaux, mais aussi des accusations de l’un de ses collègues. Sur Twitter, l’ex-socialiste David Habib, député non inscrit élu dans le Béarn (et fervent défenseur de la corrida), l’a traité d’«hypocrite» en affirmant que Caron avait retiré l’interdiction des combats de coqs à la demande de «collègues LFI du Nord».
En réalité, il n’existe aucune première version officielle du texte mentionnant les combats de coqs. Mais si Aymeric Caron a délibérément choisi de ne pas y inscrire leur interdiction, ce serait pour donner à son texte plus de chances d’être adopté. «Je souhaite à la fois l’abolition des corridas et des combats de coqs, assure-t-il à Marianne. Mais en réfléchissant avec des collègues, on a identifié un risque d’obstruction. Il ne faut pas que les combats de coqs servent de prétexte à des polémiques qui empêcheraient la discussion sur la corrida. Notre seul souci est que ce texte soit discuté et voté. Nous devons donc éviter d’entraîner les discussions ailleurs et de donner des armes à nos adversaires, qui sont prêts à tout.»
"DES ÉLUS D'OUTRE-MER POURRAIENT AVOIR UN PROBLÈME"
Aymeric Caron le reconnaît sans ambages, une interdiction des combats de coqs pourrait faire renoncer des élus prêts à voter l’abolition de la corrida : «Je n’ai eu aucun retour de députés du Nord en ce sens, mais en revanche, des élus d’outre-mer pourraient avoir un problème.» Même si le député estime probable que le sujet s’invite tout de même au cours de la discussion dans l’hémicycle. «Jusqu’au 24 novembre, rien n’est exclu», glisse-t-il.
La proposition de loi pourrait-elle être adoptée, alors qu’elle émane de l’opposition ? La Nupes devrait largement voter pour, à l’exception des députés de territoires à tradition taurine (comme le patron du groupe socialiste, Boris Vallaud, élu des Landes). Le gouvernement est contre, mais la patronne des députés Renaissance, Aurore Bergé – qui est favorable à l’interdiction de la corrida – a annoncé une liberté de vote de son groupe sur le texte. Plusieurs élus macronistes comptent donc apporter leurs voix. Du côté des troupes de Marine Le Pen, où l’on n’est pas insensible à la cause animale, «une immense majorité du groupe votera contre et une très petite minorité s’abstiendra», croit savoir un député Rassemblement national bien informé.
Reste une incertitude de taille: l’interdiction de la corrida sera-t-elle vraiment discutée? Pour l’instant, il est prévu que le texte figure en quatrième place dans l’ordre des propositions de loi présentées par LFI dans sa niche. Si d’autres groupes retardent la discussion en multipliant les amendements et les prises de parole, il pourrait donc passer à la trappe. «Nous avons une réflexion collective sur l’ordre de passage, car certains retours nous laissent penser qu’il peut y avoir des tentatives de sabotage», prévient Aymeric Caron. Tout en grondant : «Si ce texte ne passe pas, ce serait une honte pour la représentation nationale.» En cas d’adoption par l’Assemblée, la proposition de loi devrait ensuite passer devant le Sénat. Une autre paire de manches.