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07 décembre 2022

Loup y es-tu? Le scandale...

Dimanche 4 décembre 2022, paraissait dans le quotidien Sud-Ouest, un long article sur «l’arrivée du loup dans le département de la Gironde.» (voir ci-dessous).

A la lecture attentive de cet article, des dits et surtout des non-dits, de données et ressources scientifiques, on peut prendre la mesure de la révolution opérée par l’animalisme dans notre société et de la duperie intellectuelle mobilisée pour justifier la nouvelle bien-pensance écologicarde. J’écris écologicarde -un dévoiement de l’écologie-, comme l’on parle de laïcard -un dévoiement de la laïcité-, ou d’un politicard -un dévoiement du politique- (un prochain article explicitera cette question).

Le premier constat, c’est une impression désespérante de résignation des éleveurs concernés, à une situation qu’ils jugent quasiment irréversible. Sous leurs mots (et leurs maux), ils ont quasiment intégré le discours animaliste et s’excusent presque de leur statut de victime d’une situation artificielle qui leur est imposée, sans qu’ils aient le sentiment de pouvoir s’y opposer : «On n’est pas contre le loup, ça ne signifie rien. Quand on lutte contre des inondations, est-ce qu’on est contre l’eau...».

Mais cher Monsieur, vous parlez de l’histoire de l’Humanité: allez expliquer aux Hollandais qu’il ont passé des siècles à construire des digues et des polders en vain, à tous les riverains des fleuves français, chinois ou américains que barrages, retenues, endiguements, etc. sont inutiles!

Et ces braves éleveurs qui occupent des zones de «déprise» agricole, qui pratiquent un élevage extensif -c’est à dire écologique-, qui participent d’une gestion raisonnée des espaces ruraux, semblent se refuser à défendre leurs droits et leurs intérêts et se soumettre à des contraintes inacceptables (dossiers et procédures d’indemnisations, mesures de prévention et de défense inappropriées, etc.), tout cela sans soutien suffisant des pouvoirs publics qui leurs imposent cette situation ubuesque.

Le monde de la petite paysannerie crève mais le loup prospère: c’est l’expression accomplie de la logique animaliste où la bête prend le pas sur l’Humain qui doit s’effacer au profit d’une Nature déifiée, «Après nous les ronces» !!! Pour autant, ne cédons pas à l’excès contraire d’idéaliser un monde paysan diversifié où sévissent quelques rusés compères qui savent parfaitement exploiter l’imbroglio des subventions et indemnisations.


Certes, il faut observer, étudier, respecter, faire avec la Nature et non contre elle, mais il y a un fait indiscutable: le loup avait disparu du territoire français métropolitain depuis les années 1930 (1937, dernier cas avéré). Autre fait indiscutable, c’est en 1992 que deux premiers loups réapparaissent en France dans le parc national du Mercantour, en provenance de la meute italienne «Vésubie-Tinée».

Si cette réinsertion est naturelle, on peu considérer cette sous-espèce italienne comme invasive puisqu’elle occupe un espace naturel où elle n’existait plus et le «laisser-faire» comme une action artificielle et volontaire. De 2 loups en 1992, on passe à une trentaine en 2000, 200 en 2009, on compte 29 zones de présences (ZPP) dans les Alpes, Pyrénées et Vosges en 2011, en 2019 on est à 530 spécimen. En 2021, on estime le nombre de loups à 580… En 20 ans, la croissance est donc de 290 %.

Cette repopulation intervient dans un contexte particulier: l’exode rural a particulièrement sévi dans ces régions désertifiées, allant de pair avec la déprise de terres auparavant vouées à la culture et à l’élevage. A l’heure où la question de la sécurité alimentaire se pose, où la France devient massivement importatrice de produits agricoles (Dépendance alimentaire de la France), cherchez l’erreur !


Il faut poser des chiffres en face de cette réintroduction très encouragée (Dommages chiffres DREAL):

  • 2017 : 11993 dommages du loup

  • 2018 : 12058 dommages

  • 2019: 12451 dommages

  • 2020: 11746 dommages

Pour envisager l’ampleur du «binz», on consultera utilement cette carte de la prédation européenne.


Fin 2017, un Plan National d’Action pour la période 2018-2023 est publié (Dossier de presse PLAN LOUP, Plan National Loup) prévoyant des indemnisations qui n’incluent pas le coût du suivi et des mesures de protection ou de limitation:

  • Mise en place de programmes de recherche et création d’un centre de ressources rassemblant l’état des connaissances sur l’espèce.

  • Mesures pour protéger les troupeaux face aux attaques des loups: renforcement de la protection dans les foyers d’attaques, mise en place d’un réseau structuré de «chiens de protection», mise en place d’un observatoire.

  • Mesures de protection de l'espèce puis de gestion de la population.

  • Des mesures pour aider les éleveurs à se défendre en cas d'attaque : gestion privilégiant les tirs de défense de janvier à septembre ; tirs de prélèvements possibles de septembre à décembre ; les tirs de défense simple sont possibles pour permettre aux éleveurs de se défendre en cas d’attaques; possibilité de réaliser des tirs d’effarouchement sans formalité administrative.

  • Des mesures pour soutenir l'élevage et le pastoralisme dans les zones de présence du loup : aide à l’emploi ; soutien aux filières de produits agricoles de qualité ; mesures d’amélioration des conditions de vie des bergers.

Entre les indemnisations et les autres mesures, ce sont donc plusieurs dizaines de millions d’euros qui seront affectées annuellement (56 millions d’euros en 2020) aux délires du Plan loup, sans compter les dépenses engagées par les éleveurs pour se protéger (représentant un reste à charge estimé à 7,86 millions d’euros par an), de même que par d’autres acteurs investis dans le dispositif, comme les chasseurs (pour qui les divers frais liés aux opérations de tirs peuvent être estimés à plus de 2 millions d’euros). Au total, l’effort national et européen relatif à cette politique a explosé, et peut être estimé aujourd’hui à un montant minimum de 66 millions d’euros environ. (Rapport d'information des conséquences financières et budgétaires de la présence des grands prédateurs sur le territoire national)

Cette situation s’avère d’autant plus inacceptable qu’elle est dénoncée par les élus locaux et européens qui sont confronté au déni de la Commission Européenne, c’est à dire au conglomérat des technocrates «sachants», dont l’arrogance se manifeste à l’endroit des représentants du peuple (https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/le-parlement-europeen-veut-reduire-le-niveau-de-protection-des-loups/).

On en rirait presque, mais qu’importent les chroniques, les contes, les légendes, les fables, les innombrables écrits et témoignages du passé qui documentent l’histoire du loup dans l’aire européenne occidentale: les «anciens» étaient des cons obscurantistes et il nous faut nous munir de coûteux programmes de recherche et centres de ressources (avec les chercheurs et techniciens appointés qui auront ainsi à coeur de justifier de leur office) pour appréhender la réalité du loup… De même, fi de l’expérience accumulée des chasseurs, des lieutenants de louveterie bénévoles (les venator luparius) qui pendant des siècles ont fréquenté, observé, étudié, chassé la bébête!

Ce plan national loup est tout bonnement l’une de ces usines à gaz kafkaïennes qui entraîne une gabegie scandaleuse dans un contexte politique où l’Union Européenne et le gouvernement français prônent une réduction massive de la dépense publique.

Pour illustrer le propos, notons qu’après avoir recréé par pure idéologie et démagogie pseudo-écologique un problème qui n’existait plus, non seulement on dépense des fonds publics pour la protection du loup, mais également pour l’abattage de la surpopulation d’un cheptel qui désormais pullule.


Il serait peut-être utile d’expliquer à nos vaillants technocrates quelques éléments dont la simplicité et l’évidence bibliques dépassent leur entendement:

  • NON, les espaces ruraux, forestiers ou montagnards ne sont pas voués au divertissement et l’agrément d’urbains en mal de nature Ce ne sont pas des zones vides ou sauvages, hormis les villages vacances ou les stations de ski où ces mêmes urbains peuvent retrouver le béton et les distractions (bars, discothèques, boutiques) qu’ils affectionnent. Ils sont depuis des millénaires occupés, pratiqués, exploités, modelés par des autochtones qui, quoique généralement considérés comme des abrutis ignorants et obscurantistes, n’en demeurent pas moins aussi respectables dans leur parole, leurs coutumes et leurs droits que les Aborigènes, Bushmen, Inouits, Kapayos et autres Amérindiens.

  • OUI, le loup est un grand prédateur opportuniste qui par commodité préférera toujours -comme l’Humain- se sustenter sans risque d’une brebis que de s’échiner à courir un ongulé. Pour ce faire, un loup (ou la meute) égorgeront 20 brebis pour n’en consommer qu’une seule.

  • OUI, la protection du loup étant justifiée par la régulation des populations d’ongulés, cette régulation est parfaitement assurée par un prédateur avisé: le chasseur. La présence du loup est donc superfétatoire et extrêmement onéreuse alors que la chasse humaine ne coûte rien à la communauté.

  • OUI, les 12000 brebis annuellement proies du loup ont -dans la logique animaliste- le même droit à l’existence que les 570 loups (Fondation Brigitte Bardot).

  • Il faudrait tout de même expliquer en quoi la traque d’un ongulé par un loup ou une meute occasionne moins de «souffrance» au gibier qu’une chasse à courre ou à fortiori au tir.

  • La réintroduction de l’espèce «lupus» justifie t-elle la raréfaction de deux autres espèces: les chasseurs et les paysans ?


Restons toutefois positifs et proposons quelques pistes de réflexion et/ou d’action constructives:

  1. Selon le code de l’Environnement (L-426), les dégâts occasionnés par les grands gibiers sont à la charge des Fédérations de chasse. Il serait alors logique et normal que les dégâts occasionnés par le loup, dont la réintroduction et la protection sont imposées par le lobby animaliste (56 millions d’euros en 2020) soient à charge des instances de ce lobby. Voilà qui apaiserait sans doute les émois et tempérerait les ardeurs.

  2. Afin que l’ensemble de la population française soit pleinement concernée par la question vitale de la protection du loup, il serait prioritaire de réintroduire le loup sur la globalité de son aire de répartition antérieure, c’est à dire la totalité du territoire urbain métropolitain. Il deviendrait donc urgentissime de procéder au peuplement de zones boisées telles que le Bois de Boulogne, de Vincennes, la forêt de Fontainebleau, etc. Evidemment, cela contrarierait un peu les batifolages de la faune indigène, mais il faut ce qu’il faut !

  3. Si, par extraordinaire, les mesures précédentes n’étaient pas retenues, on pourra se rabattre sur une solution de bon sens: l’abattage des loups hors parcs nationaux.

  4. Les problématiques de cet article pourront utilement être transposées à d’autres espèces: l’ours par exemple.

  5. La seule question insoluble qui demeure véritablement est celle de la limitation de la surpopulation du stock de cons. Malheureusement, on ne connaît pas de prédateurs assez efficaces…

  6. QUAND REAGISSONS-NOUS ?


A consulter également: Site gouvernemental du loup (propagande)

Et surtout le passionnant dossier critique de Véronique Campion-Vincent: Les réactions au retour du loup en France


Entre Gironde et Dordogne, des éleveurs anticipent l’arrivée du loup

Avec des effectifs qui frôlent le millier d’individus dans l’Hexagone, le loup ne cesse de gagner des territoires. Dans le secteur forestier de la Double, un groupe d’éleveurs se prépare à sa venue dans une démarche qui se veut apaisée. Reportage de Jean-Denis Renard jd.renard@sudouest.fr (Le loup en Gironde)


Si vous foulez la pâture dans les pas d’Éric Guttierrez, Anaye et Bonnemine, les chiennes patou qui veillent sur son troupeau de Manech à tête rousse, n’iront pas vous chercher noise. Il y a même des chances qu’elles quémandent les caresses d’une manière, comment dire, encombrante. Mais il faut les voir virer dans la seconde et cavaler vers une voiture qui passe benoîtement son chemin, à quelque 200 mètres de là. Ce sont des guerrières massives, pas des peluches. Élevées pour protéger leurs amies les brebis, coûte que coûte.

Dans un avenir proche, d’autres gardiens viendront peut-être patrouiller en bordure des prairies, en protection des ovins qui mouchettent de blanc les croupes de la Double, ce paysage boisé à la jonction des départements de la Gironde et de la Dordogne. Car à court ou moyen terme, un prédateur pourrait être tenté de folâtrer dans les environs. Canis lupus, le loup gris, espèce protégée à l’échelle européenne, ne cesse d’étendre ses terrains de chasse vers l’ouest. Il a un solide appétit. Et il croque des brebis là où il s’installe.

Zone possible d’extension

Dans la liste des indices de présence du loup établie sur sept mois (novembre 2021/mai 2022) par l’Office français de la biodiversité (OFB), la Dordogne ne fait qu’une apparition incertaine, pour des fèces découvertes à Borrèze, en limite orientale du département. On fait état d’une observation visuelle il y a un an à Bouillac, à 60 kilomètres de là. En mars dernier, la préfecture a classé la Dordogne en «cercle 3», qui correspond à une «zone possible d’extension». Des prédations ont été relevées en Haute Vienne et Corrèze, limitrophes. L’animal tape aussi dans la Creuse, à peine plus loin. «Le loup se moque des frontières administratives. Partout, on abandonne des terres agricoles. La nature a horreur du vide. Il n’y a aucune raison qu’il n’arrive pas chez nous. Il y est déjà, sûrement», assure Éric Guttierrez.

Un plan de prévention

«Chez nous», c’est ce territoire où l’activité agricole est dominée par l’élevage extensif, un usage obligé sur ces sols pauvres. Les troupeaux s’intercalent entre les plans d’eau et les lisières de la magnifique forêt de la Double, dont les dizaines de milliers d’hectares hérissés de charmes, de châtaigniers, de chênes et de pins maritimes occupent schématiquement le plateau pris en tenaille entre la Dronne et l’Isle. Un paradis giboyeux pour un chasseur comme le loup. L’exploitation d’Éric Guttierrez est plantée côté Gironde, à Saint-Christophe-de-Double. L’association qu’il préside, le Civam1 PPML (produire, partager, manger local) a élaboré un plan de prévention du risque de prédation dans la Double, paraphé par 32 éleveurs. Il couvre un périmètre de 36 communes.

Son but? Anticiper. Ne pas se retrouver les bras ballants si un jour des assauts devaient laisser des traces sanglantes dans la campagne. «Mon troupeau a été attaqué par des chiens en 2003. J’ai eu 35 brebis au tapis. Je connais la violence de l’acte de prédation. Je connais la sensation de colère qui en découle», explique l’intéressé. Ses ouailles du Civam partagent le même souci.

Le monde agricole alentour ne veut surtout pas d’une impuissance subie qui accoucherait d’un énième épisode de la guéguerre stérile et caricaturale entre, d’un côté, éleveurs bouillants de rage et, de l’autre, protecteurs du loup plus sensibles au sort du carnivore qu’à la détresse du monde paysan. «On n’est pas contre le loup, ça ne signifie rien. Quand on lutte contre des inondations, est-ce qu’on est contre l’eau? L’impératif, c’est de se protéger», souffle Éric Guttierez.

«Après nous, les ronces»

Réunis à «La Tanière», leur chaleureux lieu de rencontre à Saint-Christophe-de-Double, les membres du Civam PPML redoutent de se débattre avec des contraintes supplémentaires alors que le métier réduit le temps libre à la portion congrue et ne délivre aucun passeport vers la fortune.

«Aménager et gérer des parcs fermés la nuit pour mettre le troupeau à l’abri du loup, c’est consacrer encore plus d’heures à travailler sur l’exploitation, c’est impossible pour moi. Si la pression devient trop forte, j’arrêterai. Vous ne pouvez pas vous battre contre la prédation, c’est ingérable. Ici, on a pris la grêle, on a pris quatre mois de sécheresse, je ne veux pas subir un problème de plus. Il faut trouver des moyens de faire face. On est les derniers. Après nous, il n’y aura plus que les ronces», raconte Pascal Sancier, installé depuis vingt-cinq ans à Saint-Antoine sur-l’Isle (33) pour y faire de l’agneau.

«Il va falloir se serrer les coudes et s’entraider avec les chasseurs et les promeneurs. Mon cheptel est divisé en plusieurs troupeaux distincts. Je ne suis pas très disposée à éduquer des chiens pour les surveiller. Ce n’est pas adapté à la façon dont je travaille. Il nous faut réfléchir et comprendre le loup pour trouver des parades efficaces», renchérit Sandrine Bouyer, qui produit elle aussi de l’agneau, à Saint-Aulaye-Puymangou (24).

Avec l’aide des spécialistes

Réfléchir, le Civam PPML n’a fait que ça avant de dégainer son plan. Éric Guttierrez a épluché des montagnes de documentation sur le loup. Il s’est adressé à une pointure sur le sujet, un écologue iconoclaste et philosophe qui a été formé aux techniques de cohabitation avec le prédateur dans le célébrissime parc américain de Yellowstone, où l’animal a été réintroduit: Antoine Nochy. Auteur d’un livre qui a fait sensation («La bête qui mangeait le monde», Arthaud, 2018), le pisteur s’est déplacé dans la Double. Sa collaboration naissante avec le Civam a été stoppée par son décès brutal et inattendu, en janvier 2021.

Ses préceptes demeurent.

Les éleveurs s’appuient sur d’autres scientifiques pour élaborer une réponse cohérente. Ils ont sollicité l’ensemble de la communauté pour sortir d’un jeu à deux entre le loup et le monde agricole. Les chasseurs, les randonneurs, les cueilleurs de champignons et les élus sont vivement encouragés à s’intéresser à la démarche au sein d’un réseau d’entente. Comme tous ceux qui pourraient, de près ou de loin, déceler des indices, faire acte de présence auprès des troupeaux pour dissuader l’intrus, ou donner un coup de main pour monter une clôture.

«Le loup nous pose une question: comment voulons-nous habiter le monde? Quel est le type de nourriture que nous souhaitons mettre dans notre assiette ? La société a besoin du territoire et de ses habitants pour maintenir une production alimentaire en extérieur. Elle ne doit pas laisser une minorité affronter seule une menace dix fois plus puissante qu’elle», argumente Éric Guttierrez.

Besoin de fonds

Outre l’entraide, les éleveurs prônent une réponse graduée aux audaces du loup. «Il faut revenir aux équilibres naturels entre prédateurs qui pratiquent l’évitement entre eux. Le loup appartient à cette catégorie, l’homme aussi. Le loup doit comprendre qu’il est en danger sur notre territoire. Quand, dans les Alpes, il observe un troupeau à150 mètres des cabanes et qu’il ne se passe rien de désagréable pour lui, il en déduit qu’il peut y chasser. Pour que le loup évite la présence des hommes, il lui faut l’associer à la crainte de la douleur, ce qui est bien plus efficace que des tirs de prélèvement si on ne sait pas quel animal on prélève», dit-on autour de la table de «La Tanière».

Le Civam désire l’appui d’une brigade qui pourrait intervenir immédiatement en cas de présence avérée d’un animal en zone de pâturage. Et la possibilité d’expérimenter des moyens de défense non létaux, comme la capture d’un loup que l’on stresserait avant de le relâcher dans son milieu, la forêt. Singulière, l’approche sort du carcan du plan national loup (PNL) et de ses protocoles balisés mis en place par l’État. Elle insiste sur la prévention des dommages plus que sur leur réparation.

Dans l’immédiat, elle a surtout besoin de fonds. «Il nous faudrait au moins 150 000 euros en budget annuel. Aujourd’hui, on n’a rien. On en est réduit au bénévolat», déplore le président du Civam, qui ne désespère pas de convaincre les collectivités locales.


Pour effaroucher ce prédateur, pas de solution miracle

L’Office français de la biodiversité rappelle que les protocoles envisagés contre la prédation des loups doivent s’insérer dans le cadre légal

Le plan national loup (PNL) couvre la période 2018-2023. Il détaille les aides accordées aux éleveurs en butte à la prédation, qu’il s’agisse du gardiennage des troupeaux, de leur protection par les chiens ou de l’aménagement de parcs fermés. Il fixe les règles sur l’indemnisation des dommages et sur les tirs contre les loups, autorisés (ou non) par les préfets. «De nouvelles méthodes d’effarouchement doivent être testées», pose-t-il noir sur blanc. Le Civam PPML (Centre d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural - produire, partager, manger local) compte bien s’engouffrer dans la brèche.

À l’Office français de la biodiversité (OFB), on insiste sur l’importance de faire remonter tout indice – traces, empreintes, fèces, observations visuelles – par le réseau de surveillance loup-lynx qu’il pilote. «Une personne du Civam PPML a été formée dans ce cadre», indiquent Alain Riffaud, le chef de l’OFB en Dordogne, et Yann de Beaulieu, l’adjoint au directeur de l’OFB Nouvelle-Aquitaine, chargé des grands prédateurs.

Impulsions électriques

Les deux responsables soulignent qu’une technique d’intervention sur les loups, absente du PNL, «devrait être validée avant sa mise en œuvre».

Dans la Double, on pense au dressage aversif, testé en Amérique du Nord et prôné par feu Antoine Nochy, le philosophe écologue dont les travaux ont inspiré le Civam. Il consiste à éduquer un animal sauvage par la punition, de façon à ce qu’il associe ses proies, les brebis, à un danger ou à une douleur. Par exemple en capturant le loup et en l’équipant d’un collier qui lui envoie des impulsions électriques dès qu’il s’approche d’un troupeau.

Réactions aléatoires

L’Office rétorque que, si la présence du loup devait un jour être avérée dans la Double, la probabilité de capture d’un individu itinérant resterait très faible en l’absence d’une meute localisée. Selon les deux agents de l’État, les études menées sur le dressage aversif ne militent guère pour ce type de protocole, la réaction des loups étant très variable d’un individu à l’autre. «Il faut continuer à chercher des solutions innovantes. Le Civam est dans une logique d’anticipation, ce qui est très positif.», apprécie l’OFB.


Jean-Denis Renard jd.renard@sudouest.fr

1- Les Civam sont des groupes d’agriculteurs et de ruraux qui développent des projets collectifs pour une agriculture plus économe et autonome et pour une alimentation relocalisée au cœur des territoires. Le réseau des Civam compte près de 130 associations, qui emploient 250 animateurs-accompagnateurs.


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