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05 janvier 2023

«T'en fais, pas mon p’tit loup »


Dernier chapitre sur la problématique générale du «p’tit loup». A partir d’éléments factuels et chiffrés, on constate l’ineptie d’un Plan loup élaboré par une technocratie nationale et européenne pour satisfaire les fantasmes écolâtres du lobby animaliste.

On réintroduit un prédateur qui avait disparu du territoire français, qui n’est nullement en danger ou en voie d’extinction en Europe, qui va sévir dans un environnement géographique et économique qui n’est plus adapté à sa présence, et qui n’apportera aucun bénéfice probant dans l’équilibre écologique.

De fait, lorsque l’Humain-prédateur chasse les mêmes proies que le loup pour parer à la prolifération de certaines espèces «c’est caca». L’Humain-chasseur -ce qu’il a toujours été depuis des centaines de milliers d’année- serait une abomination à éradiquer alors que le gentil loup, à défaut de s’attaquer à des proies plus coriaces ravage les troupeaux. Un chasseur régulera de manière sélective et contrôlée les populations de chamois, de bouquetins, de chevreuils, de sangliers, le loup quant à lui fait des milliers de victimes indifférenciées, surtout des animaux domestiques dont il faut indemniser les propriétaires: cherchez la logique!

Pour ce faire, il n’est que de constater et analyser la surabondante information tant médiatique que littéraire. Il n’est pas de semaine sans que les media tant audiovisuels qu’écrits ne se livrent avec délectation et persévérance à la diffusion de représentations magnifiées de l’animal. Pour exemple -le hasard faisant bien les choses- la dernière parution du périodique «Terre sauvage» (tout un programme!).

Dés les pages 6 et 7, si l’on pouvait douter de la ligne éditoriale, on se rassure promptement en tombant sur un publi-communiqué commis par l’ASPAS (Association pour la protection des zanimaux sauvages) qui d’emblée «s’indigne de la politique de tirs coûteux et inefficaces qui considère le loup comme présumé coupable et ne résout en rien les problèmes de cohabitation.» (on se référera au précédent article). Volant «au secours de Canis Lupus qui n’avait aucun statut juridique» (les pôvres!), l’ASPAS se targue d’avoir sauvé de «nombreuses vies» (les proies des loups et les ovins doivent pâtir de «vies indignes d’être vécues»).



On apprend ensuite les «bienfaits» du retour du loup (régulation naturelle des populations ! Impact positif pour la régénération des forêts !!) : comment avons nous pu nous en passer jusqu’à présent!!! Pour enfin passer au délire : l’ASPAS «défend les sans-voix de la faune sauvage, les espèces […] persécutées par la chasse».

Enfin, l’ASPAS crée des Réserves de Vie Sauvage® «où aucune activité humaine n’est autorisée, hormis la balade contemplative», une nature sans humains en quelque sorte, le Graal des animalistes: une planète sacralisée débarrassée de ces salopards d’Homo Sapiens…


Par la suite, d’autres articles évoquent ces passionnés qui vont se geler les arpions durant des semaines en Scandinavie (bonjour le bilan carbone!) pour observer des loulous et «des moments de tendresse entre eux» (voyeuristes!), ou cet autre qui nous pique une dépression dans le Briançonnais après que tous les loups d’une meute «ont été tués en représailles, les uns après les autres» pour avoir attaqué des brebis.

Toutefois, c’est un article sur les «Mythes et légendes» autour du loup qui révèle la mystification du propos animaliste. Bien entendu, la foison de textes qui, depuis l’Antiquité -mais surtout le Moyen-Age-, documentent la perception du loup en Occident ne serait surtout qu’inventions, superstitions et légendes issues de l’imaginaire pervers de nos ancêtres. Ceux d’avant n’étaient que des abrutis dépourvus de sens commun! On connaît la chanson: du passé faisons table rase.

Que l’un des textes les plus importants sur l’art de la chasse au XIVème siècle, nous ait été légué par LE maître-chasseur médiéval qu’était Gaston III, dit Fébus qui devait en savoir plus sur la bête que tous les ASPASsistes réunis, importe peu, d’autant qu’à priori ce dernier est disqualifié: un chasseur, rendez-vous compte !

Que l’autrice de l’article (et d’un livre sur le sujet) ne cite que des références allant dans sons sens et néglige par exemple les travaux d’autres véritables historiens1 n’altère guère que la crédibilité de l’intéressée.

Ce qui est plus scandaleux, c’est l’imposture anthropologique de mettre en parallèle des contextes complètement différents. Déplorant la mauvaise réputation du loup dans notre culture, elle valorise son statut d’«animal sacré dans certaines contrées» et se réfère aux mythologies scandinave, mongole, amérindienne ou inuite (sans doute plus crédibles à ses yeux que les divagations de notre bon Gaston). Que ces très respectables cultures émanent de sociétés de chasseurs-cueilleurs ou de nomades-éleveurs où le loup est un concurrent -supportable- dans la mesure où sa prédation opportuniste s’opère sur des individus affaiblis, malades, âgés ou au contraire jeunots que ne convoitent pas chasseurs inuits ou éleveurs de rennes itinérants ne semble pas lui sauter aux yeux. N’importe quel ignare sait de même que dans la mythologie égyptienne, quasiment tous les animaux étaient sacrés, ce qui n’encourageait en rien une sympathie démesurée du fellah de base pour les crocodiles (dieu Sobek), les chacals (dieu Anubis) ou les lions (déesse Sekhmet, dieu Miysis).

Le caractère un tantinet tendancieux de la conclusion de l’article est lumineux: «Cette omniprésence du loup ici et ailleurs en Europe témoigne d’une époque où le grand prédateur caracolait encore au sommet d’une chaîne alimentaire qui, depuis, s’est effondrée avec sa disparition soigneusement orchestrée par nos soins. Les réactions suscitées par le retour à tâtons du loup dans nos contrées nous montrent à quel point cette image d’Epinal du canidé féroce et sanguinaire est solidement ancrée dans notre inconscient et combien il sera difficile de sortir de ce carcan pour rencontrer la vraie nature du loup, dépouillée de ses atours subjectifs dont nous l’avons depuis trop longtemps affublé, asseyant ainsi notre place dominante au sommet d’une nature que l’on souhaite domptée et à notre service.»

On n’ose penser à la tragédie que doit représenter pour cette engeance la disparition d’aimables bêbêtes comme les mammouths, les rhinocéros à poil laineux, les ours des cavernes, les lions et autres tigres à dents de sabre qui gambadaient gracieusement dans la toundra Dordognote il a encore 12000 ans, à la fin de la glaciation de Würm. Une disparition déjà liée à un réchauffement climatique dans lequel Homo Sapiens, le malfaisant, n’était pour rien.

L’objectif pour ces pseudos-scientifiques, c’est que leurs conclusions collent à leur dogme animaliste, on tord donc l’Histoire et la réalité pour qu’elles concordent avec l’idéologie, un grand classique des totalitarismes.

On se prend parfois à rêver que notre narratrice se trouve un jour confrontée, seule et sans défense, à «la vraie nature du loup, dépouillée de ses atours subjectifs dont nous l’avons depuis trop longtemps affublé», avec un arbre à proximité tout de même...


Références utiles:

Livre de chasse de Gaston Fébus: https://www.youtube.com/watch?v=D22n7EydfnY

Chasser le loup au Moyen-Age: https://www.youtube.com/watch?v=te_LsbGNwcg

1- Jean-Marc Moriceau, «Histoire du méchant loup : la question des attaques sur l'homme en France, xve – xxe siècles», Paris, Pluriel, 2016

- Jean-Marc Moriceau (dir.), «Vivre avec le loup ? Trois mille ans de conflit», Paris, Tallandier, 2014

- Jean-Marc Moriceau, «L'homme contre le loup: une guerre de deux mille ans», Paris, Fayard, 2011

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