Dimanche
4 décembre 2022, paraissait dans le quotidien Sud-Ouest, un long
article sur «l’arrivée
du loup dans le département de la Gironde.»
(voir
ci-dessous).
A
la lecture attentive de cet article, des dits et surtout des
non-dits,
de données et ressources scientifiques, on peut prendre la mesure de
la révolution opérée par l’animalisme dans notre société et de
la duperie intellectuelle mobilisée pour justifier la nouvelle
bien-pensance écologicarde.
J’écris écologicarde
-un dévoiement de l’écologie-, comme l’on parle de laïcard
-un dévoiement de la laïcité-, ou d’un politicard
-un dévoiement du politique- (un
prochain article explicitera cette question).
Le
premier constat, c’est
une impression désespérante de résignation des éleveurs
concernés, à une situation qu’ils jugent quasiment irréversible.
Sous leurs mots (et leurs maux), ils ont quasiment intégré le
discours animaliste et s’excusent presque de leur statut de victime
d’une situation artificielle
qui leur est imposée, sans qu’ils aient le sentiment de pouvoir
s’y opposer : «On
n’est pas contre le loup, ça ne signifie rien. Quand on lutte
contre des inondations, est-ce qu’on est contre l’eau...».
Mais
cher Monsieur, vous parlez de l’histoire de l’Humanité: allez
expliquer aux Hollandais qu’il ont passé des siècles à
construire des digues et des polders en vain, à
tous les riverains des fleuves français, chinois ou américains que
barrages, retenues, endiguements, etc. sont inutiles!
Et
ces braves éleveurs qui occupent des zones de «déprise»
agricole, qui pratiquent un élevage extensif -c’est à dire
écologique-, qui participent d’une gestion raisonnée des espaces
ruraux, semblent se refuser
à défendre leurs droits et leurs intérêts et se soumettre à des
contraintes inacceptables (dossiers
et procédures d’indemnisations,
mesures de
prévention
et de défense
inappropriées, etc.), tout cela sans soutien suffisant des pouvoirs
publics qui leurs imposent cette situation ubuesque.
Le
monde de la petite paysannerie crève mais le loup prospère: c’est
l’expression accomplie de la logique animaliste où la bête prend
le pas sur l’Humain qui doit s’effacer au profit d’une Nature
déifiée, «Après
nous les ronces» !!!
Pour
autant, ne cédons pas à l’excès contraire d’idéaliser un
monde paysan diversifié où sévissent quelques rusés compères qui
savent parfaitement exploiter l’imbroglio des subventions et
indemnisations.
Certes,
il faut observer, étudier, respecter, faire avec
la Nature et non contre
elle, mais il y a un fait indiscutable: le loup avait disparu du
territoire français métropolitain depuis les années 1930 (1937,
dernier cas avéré).
Autre
fait indiscutable,
c’est en 1992 que deux premiers loups réapparaissent en France
dans le parc national du Mercantour, en provenance de la meute
italienne «Vésubie-Tinée».
Si
cette réinsertion est naturelle, on peu considérer cette
sous-espèce italienne comme invasive puisqu’elle occupe un espace
naturel où elle n’existait plus et le «laisser-faire»
comme une action artificielle et volontaire. De 2 loups
en
1992, on passe à une trentaine en 2000, 200
en 2009, on compte 29 zones de présences (ZPP) dans les Alpes,
Pyrénées et Vosges en 2011, en
2019 on est à 530 spécimen.
En 2021, on estime le nombre de loups à 580… En 20 ans, la
croissance est donc de 290 %.
Cette
repopulation intervient dans un contexte
particulier: l’exode rural a particulièrement sévi dans ces
régions
désertifiées,
allant
de pair avec la déprise
de terres auparavant vouées
à la culture et à l’élevage. A
l’heure où la question de la sécurité alimentaire se pose, où
la France devient massivement
importatrice
de produits
agricoles (Dépendance
alimentaire de la France),
cherchez l’erreur !
Il
faut poser des chiffres en face de cette réintroduction très
encouragée (Dommages
chiffres DREAL):
Pour
envisager l’ampleur du «binz»,
on consultera utilement cette carte
de la prédation européenne.
Fin
2017, un Plan National d’Action pour la période 2018-2023 est
publié (Dossier
de presse PLAN LOUP,
Plan
National Loup)
prévoyant des
indemnisations qui n’incluent pas
le coût du suivi et des mesures de protection ou de limitation:
Mise
en place de programmes de recherche et création d’un centre de
ressources rassemblant l’état des connaissances sur l’espèce.
Mesures
pour protéger les troupeaux face aux attaques des loups:
renforcement de la protection dans les foyers d’attaques, mise en
place d’un réseau structuré de «chiens de protection», mise en
place d’un observatoire.
Mesures
de
protection
de
l'espèce puis
de gestion de la population.
Des
mesures pour aider les éleveurs à se défendre en cas d'attaque :
gestion privilégiant les tirs de défense de janvier à septembre ;
tirs de prélèvements possibles de septembre à décembre ;
les tirs de défense simple sont possibles pour permettre aux
éleveurs de se défendre en cas d’attaques; possibilité de
réaliser des tirs d’effarouchement sans formalité
administrative.
Des
mesures pour soutenir l'élevage et le pastoralisme dans les zones
de présence du loup : aide à l’emploi ; soutien aux
filières de produits agricoles de qualité ; mesures
d’amélioration des conditions de vie des bergers.
Entre
les indemnisations et les autres mesures, ce sont donc plusieurs
dizaines
de millions
d’euros
qui seront affectées annuellement (56
millions d’euros en 2020)
aux
délires du Plan loup, sans compter les
dépenses engagées par les éleveurs pour se protéger (représentant
un reste à charge estimé à 7,86 millions d’euros par an), de
même que par d’autres acteurs investis dans le dispositif, comme
les chasseurs (pour qui les divers frais liés aux opérations de
tirs peuvent être estimés à plus de 2 millions d’euros). Au
total, l’effort national et européen relatif à cette politique a
explosé, et peut être estimé aujourd’hui à un montant minimum
de 66 millions d’euros environ. (Rapport
d'information des conséquences financières et budgétaires de la
présence des grands prédateurs sur le territoire national)
Cette
situation s’avère d’autant plus inacceptable qu’elle
est dénoncée par les élus locaux et européens qui sont confronté
au déni de la Commission Européenne, c’est à dire au conglomérat
des technocrates «sachants»,
dont l’arrogance se manifeste à l’endroit des représentants du
peuple
(https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/le-parlement-europeen-veut-reduire-le-niveau-de-protection-des-loups/).
On
en rirait presque, mais qu’importent les chroniques, les contes,
les légendes, les
fables, les
innombrables écrits
et
témoignages du passé qui documentent l’histoire du loup dans
l’aire européenne occidentale: les «anciens»
étaient des cons obscurantistes et il nous faut nous munir de
coûteux programmes de recherche et centres de ressources (avec les
chercheurs
et techniciens appointés qui auront ainsi à coeur de justifier de
leur office)
pour appréhender la réalité du loup… De même, fi de
l’expérience accumulée des chasseurs, des lieutenants de
louveterie bénévoles (les venator
luparius)
qui pendant des siècles ont fréquenté, observé, étudié, chassé
la bébête!
Ce
plan national loup est tout bonnement l’une
de ces usines à gaz kafkaïennes qui entraîne une gabegie
scandaleuse dans un contexte politique où l’Union Européenne et
le gouvernement français prônent une réduction massive de la
dépense publique.
Pour
illustrer le propos, notons qu’après avoir recréé
par
pure idéologie et démagogie pseudo-écologique
un
problème qui n’existait plus, non
seulement on dépense des fonds publics pour la protection du loup,
mais également pour l’abattage de la surpopulation d’un cheptel
qui désormais pullule.
Il
serait peut-être utile d’expliquer à nos vaillants technocrates
quelques éléments
dont la simplicité et l’évidence bibliques dépassent leur
entendement:
NON,
les espaces ruraux, forestiers ou montagnards ne
sont pas voués au divertissement et l’agrément
d’urbains en mal de nature Ce ne sont pas des zones vides ou
sauvages, hormis les villages vacances ou les stations de ski où
ces mêmes urbains peuvent retrouver le béton et les distractions
(bars, discothèques, boutiques) qu’ils affectionnent.
Ils sont depuis des millénaires occupés, pratiqués, exploités,
modelés par des autochtones qui, quoique généralement considérés
comme des abrutis ignorants et obscurantistes, n’en demeurent pas
moins aussi respectables dans leur parole, leurs coutumes et leurs
droits que les Aborigènes, Bushmen, Inouits, Kapayos et autres
Amérindiens.
OUI,
le loup est un grand prédateur opportuniste qui par commodité
préférera toujours -comme l’Humain- se sustenter sans risque
d’une brebis que de s’échiner à courir un ongulé. Pour ce
faire, un loup (ou la meute) égorgeront 20 brebis pour n’en
consommer qu’une seule.
OUI,
la protection du loup étant justifiée par la régulation des
populations d’ongulés, cette régulation est parfaitement assurée
par un prédateur avisé: le chasseur. La
présence du
loup est donc superfétatoire et
extrêmement onéreuse alors que la chasse humaine ne coûte rien à
la communauté.
OUI,
les 12000
brebis
annuellement
proies
du loup ont
-dans la logique animaliste- le même droit à l’existence que les
570 loups (Fondation
Brigitte Bardot).
Il
faudrait tout
de même expliquer
en quoi la traque d’un ongulé par un loup ou une meute occasionne
moins de «souffrance»
au gibier qu’une chasse à courre ou à fortiori au tir.
La
réintroduction de l’espèce «lupus» justifie t-elle la
raréfaction de deux autres espèces: les
chasseurs et les paysans ?
Restons
toutefois positifs et proposons quelques pistes de réflexion et/ou
d’action constructives:
Selon
le code de l’Environnement (L-426), les dégâts occasionnés par
les grands gibiers sont à la charge des Fédérations de chasse. Il
serait alors logique
et normal
que les dégâts occasionnés par le loup, dont la réintroduction
et la protection sont imposées par le lobby animaliste (56
millions d’euros en 2020) soient
à charge des instances de ce lobby. Voilà qui apaiserait sans
doute les émois et tempérerait
les ardeurs.
Afin
que l’ensemble de la population française soit pleinement
concernée par la question vitale de la protection du loup, il
serait prioritaire de réintroduire le loup sur la globalité de son
aire de répartition antérieure, c’est à dire la totalité du
territoire urbain métropolitain. Il deviendrait donc urgentissime
de procéder au
peuplement de zones boisées telles que le Bois de Boulogne, de
Vincennes, la forêt de Fontainebleau, etc. Evidemment, cela
contrarierait un peu les batifolages de la faune indigène, mais il
faut ce qu’il faut !
Si,
par extraordinaire, les mesures précédentes n’étaient pas
retenues, on
pourra se rabattre sur une solution de bon sens: l’abattage des
loups hors parcs nationaux.
Les
problématiques de cet article pourront utilement être transposées
à d’autres espèces: l’ours par exemple.
La
seule question insoluble
qui demeure véritablement est
celle de la limitation de la surpopulation du stock de cons.
Malheureusement, on ne connaît pas de prédateurs assez efficaces…
QUAND
REAGISSONS-NOUS ?
A
consulter
également:
Site
gouvernemental du loup
(propagande)
Et
surtout le passionnant
dossier critique de Véronique Campion-Vincent: Les
réactions au retour du loup en France
Entre
Gironde et Dordogne, des éleveurs anticipent l’arrivée du loup
Avec
des effectifs qui frôlent le millier d’individus dans l’Hexagone,
le loup ne cesse de gagner des territoires. Dans le secteur forestier
de la Double, un groupe d’éleveurs se prépare à sa venue dans
une démarche qui se veut apaisée. Reportage de
Jean-Denis Renard jd.renard@sudouest.fr
(Le
loup en Gironde)
Si
vous foulez la pâture dans les pas d’Éric Guttierrez, Anaye et
Bonnemine, les chiennes patou qui veillent sur son troupeau de Manech
à tête rousse, n’iront pas vous chercher noise. Il y a même des
chances qu’elles quémandent les caresses d’une manière, comment
dire, encombrante. Mais il faut les voir virer dans la seconde et
cavaler vers une voiture qui passe benoîtement son chemin, à
quelque 200 mètres de là. Ce sont des guerrières massives, pas des
peluches. Élevées pour protéger leurs amies les brebis, coûte que
coûte.
Dans
un avenir proche, d’autres gardiens viendront peut-être
patrouiller en bordure des prairies, en protection des ovins qui
mouchettent de blanc les croupes de la Double, ce paysage boisé à
la jonction des départements de la Gironde et de la Dordogne. Car à
court ou moyen terme, un prédateur pourrait être tenté de folâtrer
dans les environs. Canis
lupus,
le loup gris, espèce protégée à l’échelle européenne, ne
cesse d’étendre ses terrains de chasse vers l’ouest. Il a un
solide appétit. Et il croque des brebis là où il s’installe.
Zone
possible d’extension
Dans
la liste des indices de présence du loup établie sur sept mois
(novembre 2021/mai 2022) par l’Office français de la biodiversité
(OFB), la Dordogne ne fait qu’une apparition incertaine, pour des
fèces découvertes à Borrèze, en limite orientale du département.
On fait état d’une observation visuelle il y a un an à Bouillac,
à 60 kilomètres de là. En mars dernier, la préfecture a classé
la Dordogne en «cercle 3», qui correspond à une «zone
possible d’extension».
Des prédations ont été relevées en Haute Vienne et Corrèze,
limitrophes. L’animal tape aussi dans la Creuse, à peine plus
loin. «Le
loup se moque des frontières administratives. Partout, on abandonne
des terres agricoles. La nature a horreur du vide. Il n’y a aucune
raison qu’il n’arrive pas chez nous. Il y est déjà, sûrement»,
assure Éric Guttierrez.
Un
plan de prévention
«Chez
nous»,
c’est ce territoire où l’activité agricole est dominée par
l’élevage extensif, un usage obligé sur ces sols pauvres. Les
troupeaux s’intercalent entre les plans d’eau et les lisières de
la magnifique forêt de la Double, dont les dizaines de milliers
d’hectares hérissés de charmes, de châtaigniers, de chênes et
de pins maritimes occupent schématiquement le plateau pris en
tenaille entre la Dronne et l’Isle. Un paradis giboyeux pour un
chasseur comme le loup. L’exploitation d’Éric Guttierrez est
plantée côté Gironde, à Saint-Christophe-de-Double. L’association
qu’il préside, le Civam
PPML (produire, partager, manger local) a élaboré un plan de
prévention du risque de prédation dans la Double, paraphé par 32
éleveurs. Il couvre un périmètre de 36 communes.
Son
but? Anticiper. Ne pas se retrouver les bras ballants si un jour des
assauts devaient laisser des traces sanglantes dans la campagne. «Mon
troupeau a été attaqué par des chiens en 2003. J’ai eu 35 brebis
au tapis. Je connais la violence de l’acte de prédation. Je
connais la sensation de colère qui en découle»,
explique l’intéressé. Ses ouailles du Civam partagent le même
souci.
Le
monde agricole alentour ne veut surtout pas d’une impuissance subie
qui accoucherait d’un énième épisode de la guéguerre stérile
et caricaturale entre, d’un côté, éleveurs bouillants de rage
et, de l’autre, protecteurs du loup plus sensibles au sort du
carnivore qu’à la détresse du monde paysan. «On
n’est pas contre le loup, ça ne signifie rien. Quand on lutte
contre des inondations, est-ce qu’on est contre l’eau?
L’impératif, c’est de se protéger»,
souffle Éric Guttierez.
«Après
nous, les ronces»
Réunis
à «La Tanière», leur chaleureux lieu de rencontre à
Saint-Christophe-de-Double, les membres du Civam PPML redoutent de se
débattre avec des contraintes supplémentaires alors que le métier
réduit le temps libre à la portion congrue et ne délivre aucun
passeport vers la fortune.
«Aménager
et gérer des parcs fermés la nuit pour mettre le troupeau à l’abri
du loup, c’est consacrer encore plus d’heures à travailler sur
l’exploitation, c’est impossible pour moi. Si la pression devient
trop forte, j’arrêterai. Vous ne pouvez pas vous battre contre la
prédation, c’est ingérable. Ici, on a pris la grêle, on a pris
quatre mois de sécheresse, je ne veux pas subir un problème de
plus. Il faut trouver des moyens de faire face. On est les derniers.
Après nous, il n’y aura plus que les ronces»,
raconte Pascal Sancier, installé depuis vingt-cinq ans à
Saint-Antoine sur-l’Isle (33) pour y faire de l’agneau.
«Il
va falloir se serrer les coudes et s’entraider avec les chasseurs
et les promeneurs. Mon cheptel est divisé en plusieurs troupeaux
distincts. Je ne suis pas très disposée à éduquer des chiens pour
les surveiller. Ce n’est pas adapté à la façon dont je
travaille. Il nous faut réfléchir et comprendre le loup pour
trouver des parades efficaces»,
renchérit Sandrine Bouyer, qui produit elle aussi de l’agneau, à
Saint-Aulaye-Puymangou (24).
Avec
l’aide des spécialistes
Réfléchir,
le Civam PPML n’a fait que ça avant de dégainer son plan. Éric
Guttierrez a épluché des montagnes de documentation sur le loup. Il
s’est adressé à une pointure sur le sujet, un écologue
iconoclaste et philosophe qui a été formé aux techniques de
cohabitation avec le prédateur dans le célébrissime parc américain
de Yellowstone, où l’animal a été réintroduit: Antoine Nochy.
Auteur d’un livre qui a fait sensation («La
bête qui mangeait le monde»,
Arthaud, 2018), le pisteur s’est déplacé dans la Double. Sa
collaboration naissante avec le Civam a été stoppée par son décès
brutal et inattendu, en janvier 2021.
Ses
préceptes demeurent.
Les
éleveurs s’appuient sur d’autres scientifiques pour élaborer
une réponse cohérente. Ils ont sollicité l’ensemble de la
communauté pour sortir d’un jeu à deux entre le loup et le monde
agricole. Les chasseurs, les randonneurs, les cueilleurs de
champignons et les élus sont vivement encouragés à s’intéresser
à la démarche au sein d’un réseau d’entente. Comme tous ceux
qui pourraient, de près ou de loin, déceler des indices, faire acte
de présence auprès des troupeaux pour dissuader l’intrus, ou
donner un coup de main pour monter une clôture.
«Le
loup nous pose une question: comment voulons-nous habiter le monde?
Quel est le type de nourriture que nous souhaitons mettre dans notre
assiette ? La société a besoin du territoire et de ses habitants
pour maintenir une production alimentaire en extérieur. Elle ne doit
pas laisser une minorité affronter seule une menace dix fois plus
puissante qu’elle»,
argumente Éric Guttierrez.
Besoin
de fonds
Outre
l’entraide, les éleveurs prônent une réponse graduée aux
audaces du loup. «Il
faut revenir aux équilibres naturels entre prédateurs qui
pratiquent l’évitement entre eux. Le loup appartient à cette
catégorie, l’homme aussi. Le loup doit comprendre qu’il est en
danger sur notre territoire. Quand, dans les Alpes, il observe un
troupeau à150 mètres des cabanes et qu’il ne se passe rien de
désagréable pour lui, il en déduit qu’il peut y chasser. Pour
que le loup évite la présence des hommes, il lui faut l’associer
à la crainte de la douleur, ce qui est bien plus efficace que des
tirs de prélèvement si on ne sait pas quel animal on prélève»,
dit-on autour de la table de «La
Tanière».
Le
Civam désire l’appui d’une brigade qui pourrait intervenir
immédiatement en cas de présence avérée d’un animal en zone de
pâturage. Et la possibilité d’expérimenter des moyens de défense
non létaux, comme la capture d’un loup que l’on stresserait
avant de le relâcher dans son milieu, la forêt. Singulière,
l’approche sort du carcan du plan national loup (PNL) et de ses
protocoles balisés mis en place par l’État. Elle insiste sur la
prévention des dommages plus que sur leur réparation.
Dans
l’immédiat, elle a surtout besoin de fonds. «Il
nous faudrait au moins 150 000 euros en budget annuel. Aujourd’hui,
on n’a rien. On en est réduit au bénévolat»,
déplore le président du Civam, qui ne désespère pas de convaincre
les collectivités locales.
Pour
effaroucher ce prédateur, pas de solution miracle
L’Office
français de la biodiversité rappelle que les protocoles envisagés
contre la prédation des loups doivent s’insérer dans le cadre
légal
Le
plan national loup (PNL) couvre la période 2018-2023. Il détaille
les aides accordées aux éleveurs en butte à la prédation, qu’il
s’agisse du gardiennage des troupeaux, de leur protection par les
chiens ou de l’aménagement de parcs fermés. Il fixe les règles
sur l’indemnisation des dommages et sur les tirs contre les loups,
autorisés (ou non) par les préfets. «De
nouvelles méthodes d’effarouchement doivent être testées»,
pose-t-il noir sur blanc. Le Civam PPML (Centre d’initiatives pour
valoriser l’agriculture et le milieu rural - produire, partager,
manger local) compte bien s’engouffrer dans la brèche.
À
l’Office français de la biodiversité (OFB), on insiste sur
l’importance de faire remonter tout indice – traces, empreintes,
fèces, observations visuelles – par le réseau de surveillance
loup-lynx qu’il pilote. «Une
personne du Civam PPML a été formée dans ce cadre»,
indiquent Alain Riffaud, le chef de l’OFB en Dordogne, et Yann de
Beaulieu, l’adjoint au directeur de l’OFB Nouvelle-Aquitaine,
chargé des grands prédateurs.
Impulsions
électriques
Les
deux responsables soulignent qu’une technique d’intervention sur
les loups, absente du PNL, «devrait
être validée avant sa mise en œuvre».
Dans
la Double, on pense au dressage aversif, testé en Amérique du Nord
et prôné par feu Antoine Nochy, le philosophe écologue dont les
travaux ont inspiré le Civam. Il consiste à éduquer un animal
sauvage par la punition, de façon à ce qu’il associe ses proies,
les brebis, à un danger ou à une douleur. Par exemple en capturant
le loup et en l’équipant d’un collier qui lui envoie des
impulsions électriques dès qu’il s’approche d’un troupeau.
Réactions
aléatoires
L’Office
rétorque que, si la présence du loup devait un jour être avérée
dans la Double, la probabilité de capture d’un individu itinérant
resterait très faible en l’absence d’une meute localisée. Selon
les deux agents de l’État, les études menées sur le dressage
aversif ne militent guère pour ce type de protocole, la réaction
des loups étant très variable d’un individu à l’autre. «Il
faut continuer à chercher des solutions innovantes. Le Civam est
dans une logique d’anticipation, ce qui est très positif.»,
apprécie l’OFB.
Jean-Denis
Renard jd.renard@sudouest.fr